Afin d’accueillir une plus grande biodiversité sur notre terrain et aider les amphibiens à se reproduire, nous voulions créer une mare dans le jardin pédagogique. Mais comment faire ? C’est naturellement que nous nous sommes tournés vers les Blongios, association organisant des chantiers nature pour préserver la biodiversité de différents milieux et spécialiste de création de mares sans aide motorisé.
Les chantiers participatifs se sont déroulés sur 3 jours le 5, 13 et 17 avril 2024. En adéquation avec les valeurs de Takoda et des Blongios, c’est à la force de nos bras et à la volonté de nos participants que nous avons réalisé une mare de 6m par 5m avec une profondeur de 1,10m à son point le plus bas. Il nous a donc fallu creuser à la pioche et la bêche un trou de 33 m2 !
Merci aux bénévoles de Takoda, au lycée horticole de Raismes, à l’association Unis-cités de Valenciennes et l’Uehc de Villeneuve d'Ascq (PJJ) pour leur participation et leur bonne humeur. Merci également à Jérémy des Blongios pour la formation que nous avons reçue, son accompagnement dans le projet et ses conseils.
Si vous nous suivez depuis un moment, vous savez sûrement que le site se trouve sur l’ancien centre minier de Vicoigne à Raismes, creuser n’a donc pas été une mince affaire et s’apparenter parfois plus à de l’archéologie au vu du nombre de briques et de reste minier retrouvé !
1er chantier
Les lycéens du lycée horticole de Raismes et les bénévoles présents ont pris différentes mesures et délimité les 4 paliers au fur et à mesure puis ils ont creusé la mare le tout sous la supervision des Blongios. C’est avec une grande satisfaction qu’à la fin de la journée les 4 paliers étaient creusés ! En effet, nous avions été plus pessimistes lors de l’organisation des chantiers.
2ème chantier
Le deuxième jour a servi à élargir les paliers et surtout créer une pente « naturelle » et enlever ce côté escalier. En effet, pour permettre à la faune de sortir sans problème de la mare, il ne faut pas de pentes abruptes. Cela permet également aux plantes de prendre leur place en fonction de leur besoin. Puis à cause de la nature du terrain, une fine couche de sable a été posée pour protéger la future bâche et le géotextile.
3ème chantier
Le dernier chantier fait avec l’aide d'Unis-cité a consisté à poser les différentes bâches et par la suite à étaler une couche de terre d’une dizaine de centimètres pour que la mare ait un effet naturel et surtout pour permettre le bon développement des plantes qui y seront installées.
La réalisation d’une mare apporte toujours son lot de difficultés selon les étapes, mais cela ne nous a en rien arrêter et comme toujours, les chantiers se sont effectués dans la bonne humeur et le travail d’équipe, nous remercions d’ailleurs toutes les personnes nous ayant aidé à concrétiser ce beau projet.
Aujourd’hui, fin mai 2024, la mare est en eau (grâce aux nombreuses pluies du mois) et déjà habitée.
Que pourra-t-on trouver dans notre mare ?
Animaux et insectes
- Des Anoures : comme les grenouilles rousses ( mais aussi leurs œufs et têtards)
- Des Odonates : comme les libellules et demoiselles ( mais aussi leurs larves)
- Des Urodèles :comme les tritons (et leurs œufs)
- Des Arthropodes: comme les Nèpes, les gerris (araignée d’eau) , etc.
Végétaux
- Iris
- Menthe aquatique
- Nénuphars
- Jonc
Elle va également contribuer à un grand nombre d’autres espèces comme des petits mammifères qui vont pouvoir venir s’abreuver, à plusieurs espèces d’oiseaux ou de chauve-souris qui viendront s’y nourrir. L’intérêt des mares est grandissant notamment avec le changement climatique, les périodes de sécheresse et de chaleurs qui s’intensifient, cela permet à un grand nombre d’espèces de traverser ces conditions difficiles.
Mais attention, toutes ces petites bêtes arriveront seules ! En effet, le déplacement d’espèces protégées et leur introduction dans de nouveaux milieux est formellement interdit car cela peut être dangereux pour les deux populations animales :
- Il y a un risque d’affaiblir les populations présentent sur le lieu où on les prend.
- Il y a un risque de mort pour les populations qu’on introduit dans un nouveau milieu si le milieu ne leur est pas encore favorable.
- L’arrivée d’une nouvelle population (même un seul individu) peut déséquilibrer le milieu et conduire à la disparition des populations anciennement présentes sur le site (par le biais de maladie par exemple) voire dans le pire des cas des 2 populations.
Pourquoi une mare ?
Les mares sont d’incroyables réservoirs à biodiversité. En effet, sans eau, il n’y a pas de vie. Les zones humides disparaissent petit à petit. Il est important de noter que dans les Hauts-de-France, on estime que 40 % des mares ont disparu entre 1990 et 2000, pourtant elles sont indispensable à une grande diversité d’espèces, dont plusieurs sur liste rouge dans nos régions comme la grenouille rousse ou le triton crêté. En France, toutes les espèces d'amphibiens sont protégées par la loi.
Nous avons donc décidé d’en créer une au sein du jardin pédagogique. Ainsi nous ajoutons un nouveau milieu permettant à une faune différente de s’installer sur notre terrain et à la faune déjà présente de se reproduire. En effet, nous savons que de nombreux amphibiens traversent notre site ou se trouvent à proximité : tritons, grenouilles vertes, grenouilles rousses, crapauds communs…
Notre mare aura également un but pédagogique auprès de tous les visiteurs une fois le site terminé et ouvert. Elle permettra de sensibiliser à l’écosystème de la mare ainsi qu’à tous ses bienfaits car l’adage dit que nous aimons ce qu’on connaît et que nous protégeons ce que nous aimons”. Ainsi, nous ferons connaître ces milieux fragiles et contribuerons à leur protection.
Mais pourquoi les zones humides disparaissent ?
Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elles ont longtemps été considérées comme inutiles. De ce fait, beaucoup se sont naturellement asséchées ou remplies, puis dans un second temps végétalisées ne laissant ainsi plus aucune trace de leurs existences.
Un grand nombre a servi d’espaces d’accueil pour une particularité de notre région, les terrils. Effectivement, beaucoup de terrils se trouvent sur d’anciennes zones humides et mares car ces milieux étaient considérés comme une perte d’espace. Ils étaient donc les lieux de prédilection pour entasser les débris de l’industrie minière.
La création de mares permet le développement de pont écologique et contribuer à la trame « turquoise », réseau des zones humides qui permettent à ses habitants d’effectuer la totalité de son cycle de vie. Cela permet d’aider à la sauvegarde de ces espèces en danger mais aussi à leurs déplacements. Elles peuvent ainsi étendre et coloniser de nouveaux territoires.
Pour finir peut-être une des raisons les plus importantes et sûrement la plus simple, le plaisir des yeux. Pouvoir contempler un élément aussi joli qu’une mare et s’émerveiller de toute la biodiversité qu’elle accueillera au fil des saisons.
Une mare dans un jardin, c’est un peu comme une oasis en plein désert, c’est un petit morceau de paradis qui nous est accessible alors autant en profiter et prendre 5 minutes pour l’admirer.
Attention aux préjugés !
Les mares sont des vecteurs de moustiques :
Les moustiques sont la proie d’un grand nombre d’habitants des mares que ce soit leurs larves qui sont mangées par les autres insectes et amphibiens que les adultes par les libellules, oiseaux etc. Ainsi on estime qu’une seule soucoupe à pot de fleurs non vidée permettrait la propagation de bien plus de moustiques qu’une mare lorsqu’elle est fonctionnelle.
L’eau stagnante est sale :
C’est bien entendu faux. Les mares sont des stations d’épuration naturelle, toute la flore présente dans la mare comme les joncs, les nénuphars, les iris etc. , ne servent pas seulement à l’ornement. En effet, elles ont toutes un rôle filtrant et épurant et permettent donc de maintenir une très bonne qualité d’eau bien qu’elle soit perçue « stagnante ». Il n’y a donc rien de sale dans une mare ! Elles servaient même à l’origine d’abreuvoir pour le bétail.
Il y a des poissons :
Faux. Hélas, même si l’on ne peut pas rejeter le fait que les poissons notamment les poissons domestiques comme les célèbres carpes koï sont de magnifiques animaux, dans une mare, ce sont des catastrophes pour la biodiversité. En effet, les poissons sont des gloutons qui mangent toutes les espèces qui se trouvent dans une mare, toutes les larves, petits amphibiens et autres, ce qui empêche donc tout le reste de la faune d’accomplir son cycle de vie. C’est pour cela que Takoda n’introduira pas de poissons dans sa mare même si celle-ci peut sembler « assez grande » pour en contenir.
Conclusion
Et si vous aussi vous créiez une mare et contribuerez à la protection de la biodiversité tout en pouvant admirer toutes les belles espèces qui viendront chez vous ?
Pour vous informer n’hésitez pas à vous renseigner sur : groupemares.org